"Rien dans le monde n'est permanent et nous sommes fous de souhaiter que les choses puissent durer, mais nous le sommes certainement bien plus encore de ne pas en jouir tant que nous les avons" ("Le fil du rasoir", William Somerset Maugham).

26 janv. 2009

Nouveaux horizons...


Et voilà, j'ai encore changé de poste, je suis désormais assistante bibliothécaire. Je travaille dans une bibliothèque spécialisée dans les pièces de théâtre et l'audiovisuel. Le rêve : ça sent un peu le renfermé, c'est sombre, peu éclairé, et c'est un peu le bazar; mais on peut sentir les livres respirer... Certains sont joliment exposés dans de belles vitrines et d'autres attendent à la cave d'être restaurés. On se croirait dans la bibliothèque d'Harry Potter sauf que les livres n'ont pas de pouvoirs magiques. Me voici de nouveau à classer, archiver, ranger, j'adore ça !
Voici quelques citations que j'ai glanées au cours de mon archivage et qui m'ont plu :
"Un film c'est une boîte de conserve", "le film n'est rien, c'est le spectateur qui le tient dans sa tête et dans son cœur", Michael Haneke (réalisateur et cinéaste).
"Le but du théâtre de toujours est d'offrir en quelque sorte le miroir à la nature, de montrer à la vertu ses propres traits, sa propre image au vice et aux époques successives leur forme et leur physionomie particulière", Shakespeare, Hamlet, III, 2.

18 janv. 2009

Terre


Les hommes ont créé une planète nouvelle : la planète de la misère et du malheur des corps. Ils ont désertés la terre. Ils ne veulent plus ni fruits, ni blé, ni liberté, ni joie. Ils ne veulent plus que ce qu'il inventent et fabriquent eux-mêmes. Ils ont des morceaux de papier qu'ils appellent argent. Pour avoir un plus grand nombre de ces morceaux de papier, ils décident subitement de faire abattre et d'enterrer cent soixante mille vaches parmi les plus fortes laitières. Ils décident d'arracher la vigne car, si on ne l'arrachait pas, le vin serait trop bon marché, c'est-à-dire ne pourrait plus produire des morceaux de papier en assez grand nombre. A choisir entre les morceaux de papier et le vin, ils choisissent les morceaux de papier. Ils brûlent le café, ils brûlent le lin, ils brûlent le chanvre, ils brûlent le coton. Devant l'énorme bûcher de coton, des chômeurs de l'Illinois viennent : "Laissez-nous emplir des matelas, disent-ils, nous couchons sur le terre, nous ne mangeons presque pas. Nous pourrons au moins dormir." On leur dit : "Non, le coton est en trop." Ils répondent : "Pas en trop puisque ce coton nous manque. Il nous donnerait des joies, je vous assure; enfin, des joies c'est beaucoup dire, mais il adoucirait notre misère, il nous permettrait de dormir au souple quand nous n'avons pas assez mangé." On leur répond : "Non, non, vous n'entendez rien. Il ne s'agit pas de vous. Ce coton est en trop car, s'il continuait à exister, le prix du coton baisserait et nous, les producteurs de coton, nous aurions un peu moins de petits morceaux de papier. Tout est là, toute la question est là et nous ne serons tranquilles que lorsque ce coton sera devenu de la fumée. Ecartez-vous." Quand les récoltes sont abondantes, on se lamente "nous avons trop de pêches, nous avons trop de poires, nous avons trop de vin, nous avons trop de blé, trop de pommes de terre, trop de betteraves, trop de choux, trop d'artichauts, d'épinards, de fèves, de lentilles, de haricots". La terre qui continue ses anciennes gloires épaissit-elle la semence des animaux : nous avons trop de vaches, trop de bœufs, trop de porcs, trop de moutons, trop de chevaux, trop de chèvres. Le cortège des bêtes splendides marche à travers les vergers couverts de fleurs; les champs de graminées caressent doucement le ventre des bœufs. L'homme tremble. L'immense terreur collective ébranle la société; "nos morceaux de papier, nos morceaux de papier !" Gouvernements, ministres, députés, rois, empereurs, lois, lois, lois humaines au secours ! Nous avons trop de tout, vite, vite, mettons le feu aux champs, éreintons le verger à coups de hache, tuons les vaches, les porcs, les moutons pendant la nuit à coups de couteau dans le ventre, à coups de serpe sur la tête, fauchont à la faux les pattes grêles des troupeaux, et, si ça ne va pas assez vite, canons, canons, canons !
Les vraies richesses, Jean Giono, 1935.


Peer Gynt, Morning, Grieg

11 janv. 2009

Ténébreuse


Le Cycle de Ténébreuse est un ensemble de romans et de nouvelles qui décrivent la planète Ténébreuse, un univers de fiction créé par Marion Zimmer Bradley.
L'argument fondateur du cycle est assez classique en science-fiction : un vaisseau spatial de colonisation doit se poser en catastrophe sur une planète, Ténébreuse, particulièrement inhospitalière. Les conditions sont tellement difficiles qu'il est impossible de réparer le vaisseau. Les colons décident donc de s'installer sur Ténébreuse (cet épisode est raconté dans le roman La planète aux vents de folie). Les siècles passent sans contact avec la Terre et le souvenir même des origines est perdu. La société évolue vers un modèle proche de celui du Moyen Âge occidental avec une composante magique représentée par des pouvoirs psychiques (Télépathie, télékinésie, etc.). Approximativement deux mille ans après la colonisation, l'Empire Terrien redécouvre Ténébreuse, ce qui produit un choc culturel, pour les Ténébrans et pour les Terriens. Deux formes de société s'affrontent alors : celle, hautement technologique, des terranans (nom donné aux habitants de Terra) et celle, fondée sur la puissance de l'esprit des ténébrans (les habitants de Ténébreuse).

Excepté quelques cas particuliers comme La planète aux vents de folie et certaines nouvelles, la grande majorité des œuvres du cycle se déroule longtemps après la colonisation, soit dans les périodes troublées des âges du chaos (il s'agit alors plutôt de fantasy), soit après la redécouverte (mélangeant science-fiction et fantasy).

La planète aux vents de folie (Darkover landfall), Marion Zimmer Bradley, 1972